mardi 14 juillet 2009

Surprises au Vaccivier

La version imprimable (PDF) de cet article est téléchargeable à partir de la page des téléchargements du site des éditions AO • André Odemard. Vous trouverez aussi une galerie de photos complète sur le site d'Olivier Rousseau, ainsi que le compte rendu de Benoît sur CampToCamp à cette adresse.


Le refuge du Pigeonnier et le pic du Vaccivier.

Ceux qui connaissent l’auteur de ces lignes s’étonneront qu’il ait envisagé d’aller en montagne sans consulter au préalable force topos et notes techniques, d’autant qu’il s’aventurait en dehors des limites du massif du Mont-Blanc – tel le parisien se rendant soudain compte qu’un autre monde existe au-delà du boulevard périphérique. Eh bien croyez-le ou pas, il partit sans disposer d'aucune information sur l'ascension projetée, au point d'ailleurs que celle-ci évolua en cours de route, mais n'anticipons pas…


Surprises sur prises
L’instigateur de cet audacieux projet n’était autre que Benoît (orthoptiste, deuchiste et inscrit à CampToCamp entre autres références) qui avait déjà réussi l’exploit d’entraîner son ami Jean-Luc au mont Aiguille, au Grand Paradis et à la pointe de la Réchasse. Passant du statut de “projet” à celui de réalité le 14 juillet, cette nouvelle ascension se révéla riche en surprises.


De gauche à droite : Jean-Luc, Françoise, Pascal et Benoît.

À la façon des Trois Mousquetaires, la caravane se composa non de trois personnes mais de quatre. Pascal, le guide, avec qui Benoît et votre serviteur avaient déjà gravi les deux premiers sommets précités, avait proposé de monter aux Rouies dans le massif des Écrins. Il avait eu aussi l’idée d’associer son épouse à la cordée. Et de quatre !

Les deux monchus n’eurent pas à regretter la présence de Françoise, métronome de référence pour la montée au refuge du Pigeonnier, infirmière diplômée prodiguant conseils et pharmacopée (Aspirisucre® pour les uns, génépi pour les autres), créant de fait une nouvelle profession para-alpine, joyeuse compagne de course enfin, capable de redonner de l’allant aux clients de son mari y compris dans les pentes les plus raides et les tempêtes les plus décoiffantes.

La météo, capricieuse selon son habitude, avait accumulé tous les signes d’une dégradation susceptible de compromettre la course – et d'occasionner une mauvaise surprise, que ce soit mardi 13 au soir, avec l’arrivée de nuages sinon noirs du moins gris (très) sombre, ou mercredi 14 au matin : à 4 heures, déjà, les mêmes nuages stationnaient obstinément du côté des Rouies tandis que la température restait trop clémente pour un petit matin à 2400 m d’altitude.


« Ravoures du matin… chagrin ! »

Si de telles conditions rendaient la cigarette fumée en catimini à l’extérieur plus confortable, elles pouvaient aussi décourager le départ. Il n’en fut rien puisque Pascal, assumant la décision comme savent le faire les guides professionnels, n’en parut aucunement préoccupé et eut une intuition juste, confirmée par la dissolution des signes avant-coureurs de mauvais temps tandis que nous montions. L’orage serait pour le lendemain. Durant la première heure de marche, il fallut veiller à ne pas se déconcentrer en tentant (de tête et sans succès) une traduction simultanée du babil de deux anglaises trop jeunes pour être essoufflées. When I was younger, so much younger than today, I never needed anybody's help in any way…


Pascal médite : fera-t-il beau demain ?

Surprise aussi quant à la nature du cheminement
Le lecteur objectera que sans aucune documentation préalable, la surprise n'avait pas lieu d'être. Ce serait compter sans l’imagination, qui faisait fantasmer la voie normale des Rouies comme un long glacier presque horizontal conduisant sans obstacle particulier à un débonnaire sommet. Il s’agissait en réalité d’un vaste névé bordé de murailles abruptes, à la pente prononcée puisque flirtant avec les trente degrés, s’achevant par une écharpe à gauche plus proche des quarante (dixit CampToCamp). Il y avait même un étroit couloir plus raide qui aurait pu servir de voie d’accès au plateau glaciaire sommital, auquel l’écharpe précitée fut préférée pour de compréhensibles motifs d’efficacité et de ménagement des mollets des monchus – ce qui n’empêcha pas Pascal de retenir d’une seule main sûre une brève glissade de l’un des membres de la cordée (le plus lourd pour ne pas le nommer et pour souligner la vigueur de la parade).


Le pic du Vaccivier, 3 312 m (flèche). On distingue à sa gauche l'étroit couloir au-dessus de la pente de neige (masquée ici par l'éperon rocheux).

Surprise enfin sur le point culminant
Ci-dessous, de gauche à droite, les Rouies, le blogueur et le guide au sommet du pic du Vaccivier (merci Françoise pour la photo).

Vers 8h30, après quelque 3h45 de marche, alors que la cordée venait d’achever l’ascension de l’écharpe et se trouvait en plein vent (du sud mais frais), une rapide expertise du moral des troupes par le guide (et son assistante) conduisit à abandonner l’objectif initial pour se replier sur un “sommet de remplacement”, le Pic du Vaccivier (non, pas “vacciné”, rien à voir avec la médecine), tout proche sur notre droite, au sommet principal duquel nous pûmes nous tenir à 9 heures très précises, tandis que le soleil daignait enfin faire sa complète apparition.


Benoît sera agréablement surpris, pour sa part, d’expérimenter la douceur de la neige bien transformée à la descente, incomparablement plus confortable que la neige molle et profonde du Grand Paradis l’année précédente. Ce qui demanda 2h30 à la montée fut avalé en une heure à la descente (hors arrêt pour ôter les crampons).

On aurait pu encore être surpris en découvrant la personnalité de Georges, gardien du refuge du Pigeonnier. Fort heureusement, Pascal nous avait prévenus. Sage précaution : sachez, chers internautes, que cet homme est capable de vous proposer aux repas la carte suivante : tête de choucas aux graviers (Pihu, mon copain choucas, en tremble encore d’indignation), sandwich à la marmotte et œuf de shangrila à la coque, une cuisine politiquement incorrecte quelques semaines après les élections au parlement européen ayant vu la (quasi) victoire des écologistes. Après un véritable one man show de Georges pendant le dîner et quelques verres (obligatoires) de génépi-sur-sucre, de tels scandales furent vites oubliés – et passés par pertes et profits dans les toilettes sèches (cela existe, nous vous le confirmons) ou dans les poches à eau des sacs, beaucoup moins sèches par la force des choses.

Que de plaisir donc pour ces deux journées et 3400 mètres de dénivelés, au gré de surprises qui, convenez-en, auraient pu décourager les plus aguerris des alpinistes – mais pas la cordée ci-dessus ! D’amicaux remerciements sont par conséquents adressés ici à toutes les personnes qui ont contribué à la réussite de cette expédition.
Ci-contre : le docteur Taff' ausculte sa motivation matinale (photo Benoît).

Fiche-horaire
Le déroulement de la course est récapitulé dans la “fiche-horaire” ci-dessous, calquée dans sa présentation sur celle des horaires de chemin de fer du temps du Chaix (les amateurs apprécieront). Il fallait bien ajouter une touche “ferrovipathe” à cet article !


Les internautes intéressés par ce tableau, réalisé sous Excel, peuvent le télécharger gratuitement sur le site de “mes” éditions AO André Odemard (et pourquoi pas, chemin faisant, commander un des ouvrages figurant au catalogue !)

vendredi 10 juillet 2009

Un Index majeur

Le site TVMountain met en ligne régulièrement des vidéos d'alpinisme toujours passionnantes. On y trouve une ascension de l'aiguille de l'Index, dans les aiguilles Rouges, qui mérite le voyage. Jean Afannasieff conduit sa cliente sur l'arête sud, classique parmi les classiques.


Le film est un vrai bonheur d'humour et de qualité technique. Les angles de prises de vues, très bien choisis, donnent une ampleur inédite à l'escalade. Jean Afannasieff n'hésite pas à prononcer quelques aphorismes bien sentis, tel celui-ci : “la paroi, déjà verticale, se redressait encore…” citation fleurant bon la période héroïque de l'alpinisme dont Afannasieff est l'un des représentants, malgré son jeune âge. Avec Pierre Mazeaud, Kurt Diemberger et Nicolas Jaeger, il parvint au sommet de l'Everest en 1978, lors de sa première ascension française. On consultera sur son site Web tous les détails de ses impressionnantes réussites en alpinisme ainsi que sa copieuse filmographie (il est aussi cinéaste de montagne).

jeudi 25 juin 2009

Tour Ronde, couloir Gervasutti


Sommet de la tour Ronde, 25 juin 2009, dix heures du matin.

Pihu-le-choucas accueille la cordée.
– Eh bien voilà, vous avez fini par y arriver !
– Facile à dire, pour toi !
– Note cependant que je suis à l'heure, après vous avoir surveillé pendant que vous remontiez ce couloir Gervasutti. Mais dis-moi, pourquoi aller pour la huitième fois sur ce sommet ?


La tour Ronde, face nord. Le couloir Gervasutti se trouve à droite, en versant ouest.

– Parce qu'il est beau et que ses voies d'ascension sont belles également. Mais toi, combien de fois es-tu monté ici ?
– Moi, ce n'est pas pareil. C'est mon métier, en quelque sorte…
– Tu pourrais te contenter de rester près des refuges, c'est plus commode.
– C'est vrai. Mais les sommets, c'est plus élégant. Et vous êtes si amusants, les humains ! C'est qui, ton guide ?
– Il se prénomme Pascal. J'avais été avec lui au mont Aiguille et au Grand Paradis. Un gars super !


À mi-hauteur du couloir Gervasutti.

– Des copains m'en ont parlé. Tu la connais, celle-là ? Chez nous, le guide c'est celui qui vole. Chez vous, c'est celui qui ne vole pas !
– Je reconnais là ton sens de l'humour.
– Quelques miettes de Grany seraient les bienvenues. Ça ouvre l'appétit l'altitude.
– Les voilà.
– Merci…
– C'est qu'il nous reste à descendre la voie normale, par cette chaleur.
– Ça oui, je te plains. On va encore se gondoler en vous observant ramper laborieusement jusqu'au col du Géant !
– Ah, c'est malin ! Que je ne te voies pas voleter autour de nous…
– Pas de souci, je vais aller faire la tournée des grands ducs aux alentours. Friandises au menu.
– Tu vas où ?
– Confidentiel défense. Quoique, je peux y déroger pour toi. Approche.
– Oui ?
– Pyramide du Tacul, Pointe Lachenal, aiguille du Plan et peut-être un petit détour du côté du Peigne s'il n'y a pas trop de concurrence.
– Et l'aiguille du Midi ?
– Trop bondé, trop galvaudé.
– Tu n'as pas tort.
– Dis-moi, ils ne seraient pas écossais, ces sympathiques alpinistes qui sont avec vous au sommet ?
– Tu dois avoir raison. Ah, ces choucas et leur don pour les langues !
– Demande-leur de vous prendre en photo.
– Bonne idée. Sorry, would you mind to take a picture of us ?
– Wouah, l'accent !
– Chuuut !


Pascal, le guide et Jean-Luc, le monchu et son “chapeau de benêt” (dixit son épouse), photographiés par nos amis écossais (“fromage” lancèrent-ils pour nous faire sourire).

– Et dis-moi, ces piolets, tu as vu leur marque ?
– Leur marque ? Ah oui, c'est marrant : Blackbird !
– Hé, hé ! Il ne leur reste plus qu'à avoir un bec jaune, comme moi, même si je suis quand même plus baraqué qu'un merle.


Les deux piolets utilisés durant la montée.

– Si ça se trouve, ils sont presque aussi vieux que toi !
– Comment cela ?
– Eh oui, ils datent de 1993, je crois.
– Meuh non ! Tu sais bien que j'ai plus de trente ans. Et ces piolets, ils ancrent toujours ?
– Ben tu l'as vu, dans le couloir, j'ai bien monté.
Chi va piano…
Va sano. E lontano, aussi ! Inutile d'ironiser.
– Allons, pour un quinqua, c'est pas trop mal, deux heures pour remonter le couloir.
– Oui, je sais. Toi, tu mets deux minutes.
– Et encore, par vent contraire.


Deux vues plongeantes sur le couloir Gervasutti

– N'empêche, c'est assez raide, quand même.
– Je te l'accorde. Même moi, je ne m'y pose pas. Les choucas ne sont pas comme les dahus.
– Ah ! Tu vois qu'on est pas si patauds que cela, nous, les humains.
– Ouaif !
– On est quand même partis avant cinq heures du matin du refuge Torino.


La fenêtre de la chambre du refuge Torino cadre à la perfection la Noire de Peuterey, les Dames anglaises et l'aiguille de la Brenva.

Vecchio ou nuovo ?
Nuovo, jeune, quoi.
– Pas tant que ça…
– Bon, c'est vrai, il vieillit tranquillement…
– Comme toi !
– Grr ! En tout cas, leur nourriture n'est pas exceptionnelle. Comme le dit un Italien sur CampToCamp : “Colazione misera, adatta solamente per alpinisti a dieta”.

– Bon, c'est pas tout ça. Tu m'as donné faim avec ta colazione misera. Faut que j'y aille. Allez, à la prochaine !
– Bon vent et… bon appétit !

Vous me croirez si vous voulez, mais vous venez de lire la transcription presque mot pour mot de la conversation que j'ai tenue avec Pihu (le choucas) ce 25 juin. Comment puis-je comprendre leur langage ? Cela remonte à 1978. Avec Gilbert et Annick, nous gravissions le Grépon-Mer-de-Glace. À un moment, Gilbert a frôlé un nid de choucas en escaladant une fissure. La choucate lui a tourné autour de la tête en croassant vilainement, furieuse d'avoir été dérangée et soucieuse de protéger ses petits, dont Pihu. Je l'ai entendue distinctement grommeler : “Ces humains, ils nous laissent jamais tranquilles !” Et depuis ce jour, je comprends le langage des choucas…


Pascal observe la face nord de tour Ronde. Derrière lui, on reconnaît le mont Maudit et son arête Küffner. À droite, le Clocher et le Trident du Tacul.

lundi 4 mai 2009

L'art du medley

Si vous vous intéressez aux belles réalisations d'alpinisme, procurez-vous le dernier numéro du magazine Vertical (17, avril-mai 2009) pour y lire le récit de l'enchaînement de courses de Maxime Belleville et Julien Herry (déjà évoqué dans ces pages à cette adresse).
NB : on regrettera juste au passage que Vertical ne dispose pas de site Web (du moins est-ce l'impression retirée de quelques requêtes sur Google).

Le texte est titré “La fugue enchantée / l'art de la fugue”, métaphores bien trouvées puisqu'elles évoquent entre autres choses la musique, domaine dans lequel une fugue désigne l'entrecroisement de plusieurs thèmes musicaux qui forment un tout harmonieux. Or, quand y regarde de près, les trois itinéraires gravis par les deux alpinistes sont tous des combinaisons de plusieurs itinéraires, existants ou inédits. En poursuivant sur le même thème, on trouvera une évidente ressemblance avec les “medleys” anglo-saxons – mais si, allons, vous connaissez forcément la face B d'Abbey Road des Beatles et sa suite de morceaux disparates formant un bel ensemble, avec reprises et variantes. C'est exactement ce qu'on fait nos deux compères, que ce soit dans la face nord des Droites (ouverture d'une variante reliant deux portions de la voie Colton), la face nord des Jorasses (voie Ghirardini agrémentée de variantes) ou la face nord du Grand pilier d'angle (voies Cecchinel-Nominé et voie des Belges).

Un genre alpinistique nouveau tend donc à se répandre : la ré-interprétation d'itinéraires à partir de plusieurs cheminements, éventuellement modifiés, fugue, medley voire “remix” de DJ spécialistes de l'escalade mixte ;-)

jeudi 5 mars 2009

Jolie bambée !

Comment qualifier le très bel enchaînement réussi par Julien Herry et Max(ime) Belleville à la fin septembre dernier ? Une (très) longue et (très) jolie “bambée” semble une dénomination adaptée !

Les deux alpinistes ont en effet trouvé le moyen d'enchaîner en quatre jours trois des parois les plus hautes, difficiles et célèbres du massif du Mont-Blanc et ce bien qu'elles soient très éloignées les unes des autres. Pour chacune des trois montagnes, ils ont choisi des itinéraires toujours difficiles, voire en partie inédits. L'entreprise est élégante et fait beaucoup rêver le modeste pratiquant de la montagne qui signe ces lignes, d'où l'envie de l'évoquer dans ce blog – d'autant que Max a eu la gentillesse de me fournir quelques informations.


Ci-dessus: la face nord des Droites et l'itinéraire gravi (*)

Le 24 septembre, les deux compères ont “décollé” du refuge d'Argentière à 3h du matin et atteint la rimaye de la face nord des Droites vers 4h. Ils ont alors gravi la redoutable paroi en une dizaine d'heures, empruntant une combinaison des itinéraires parmi les plus difficiles. Ils ont ainsi surmonté l'important rempart de dalles redressées dans le tiers supérieur de la paroi en commençant par “Maria Callas Memorium” puis en utilisant des placages de glace conduisant en diagonale vers la sortie de la voie Colton (ceux qui ont la chance de disposer du très beau topo de François Damilano pourront imaginer le tracé page 124 entre les itinéraires 250 et 251).


Ci-dessus : la flèche pointe sur le “bastion” rocheux supérieur.

Arrivés au sommet à 14h, Max et Julien ont entamé une longue descente les conduisant six heures plus tard au refuge de Leschaux, où ils ont passé la nuit.

Le lendemain, ils sont partis vers 5h pour rejoindre la face nord des Grandes Jorasses, attaquant vers 7h30 dans le secteur des pointes Marguerite et Young. Ils avaient choisi de reprendre une voie peu parcourue, dont l'ouverture avait de surcroît été réalisée dans des circonstances particulières : le 22 juin 1994, Ivano Ghirardini et Slavko Sveticic avaient gravi 600 mètres de concert avant que le second ne décide (le lendemain) de prendre la tangente, tandis que le premier découvrait une goulotte cachée lui permettant de sortir au voisinage de la pointe Young (dernière pointe des Jorasses à droite). Ghirardini baptisa la voie “Rêve éphémère d'alpiniste”, la coulée de glace qu'il avait inaugurée ayant trouvé le moyen de fondre quelques heures après son ascension.


Ci-dessus : la voie “Rêve éphémère d'alpiniste” attaque à droite de la face Nord, rejoint un éperon et passe derrière pour suivre la goulotte “éphémère” (*).

Après avoir suivi – et vraisemblablement assorti de variantes – la voie précitée en sept heures, Julien et Max atteignaient la pointe Young et descendaient passer leur deuxième nuit au bivouac Canzio.


Le lendemain, ils effectuaient, selon les termes de Max, la “liaison” avec le refuge de la Fourche. Un euphémisme pour cette longue traversée d'arêtes passant par la Calotte, le Dôme et l'aiguille de Rochefort, le col du Géant et les pentes menant à la Fourche !

Le 27 septembre, quatrième jour pour un final d'ampleur : les deux alpinistes ont quitté le refuge-bivouac vers 3h30 pour atteindre le pied du Grand Pilier d'Angle vers 6h. Bien que figurant parmi les 4000 officiellement référencés, malgré sa hauteur exceptionnelle de mille mètres, ce Grand Pilier a attendu longtemps d'être intronisé comme une montagne à part entière à cause de ses prestigieux voisins et voisines : la Blanche de Peuterey et… sa majesté le mont Blanc en personne. Il faudra attendre la première ascension de cette paroi complexe par Bonatti et Zappelli en 1962 pour que justice soit rendue à celui que les topos ont siglé “GPA”. Depuis, une dizaine d'itinéraires y ont été tracés, dont l'entrelacs a de quoi décontenancer le plus expert des “topositeurs” (sauf Damilano, qui a plus d'une corde à son arc).


Ci-dessus, de gauche à droite (*) : la Blanche de Peuterey, le Grand Pilier d'Angle (4243 m), le mont Blanc de Courmayeur (4748 m) et le mont Blanc (tout court et à 4808 m).
Nos deux alpinistes ont combiné semble-t-il deux itinéraires, attaquant tout à gauche de la paroi par la voie des Belges pour sortir plus ou moins par la Cecchinel-Nominé, une combinaison certainement efficace et encore plus certainement difficile. Une fois parvenus à 4243 mètres d'altitude, en haut du pilier, il ne leur restait plus qu'à suivre l'arête jusqu'au sommet, soit encore un très long parcours, qu'ils ont atteint vers 17h30…

À consulter aussi : http://www.thebmc.co.uk/News.aspx?id=2885

(*) Photos aimablement fournies par Maxime Belleville

Post-scriptum du 4 mai 2009 : compléments d'informations à la page http://jeanluctafforeau.blogspot.com/2009/05/medley.html.