Sa précocité tout d'abord.
Bonatti a réussi dès l'âge de seulement 19 ans (1949) de très grandes ascensions : face nord-ouest du piz Badile, face ouest de la Noire de Peuterey et éperon Walker aux Jorasses, sixième ascension pour cette dernière. Excusez du peu ! Et il fêta son 21e anniversaire au bivouac en ouvrant sa célèbre voie du Grand Capucin (20-23 juillet 1951)…
Sa résistance ensuite.
Rarement alpiniste aura résisté à des conditions aussi périlleuses, que ce soit son bivouac sans matériel à plus de 8000 mètres au K2, sa retraite dans la tempête hivernale au retour du mont Blanc (décembre 1956, après avoir tenté d'assister Vincendon et Henry), ou la tentative au pilier du Frêney (1961) : partis à sept, ils subissent les assauts du mauvais temps durant plusieurs jours ; seuls Pierre Mazeaud, Roberto Gallieni et Bonatti survivront durant une terrible retraite… Il faudrait y ajouter ses premières solitaires, à une époque où ce genre d'entreprise était particulièrement hasardeuse (pilier SW des Drus, face nord du Cervin en hiver).
Deux jours avant sa disparition, une sorte d'écho symbolique s'était produit aux Drus, non loin du pilier qui portait son nom : une vaste plaque de rocher s'écroulait avec fracas…