Escalader de l'eau ?
Les parapentistes se déplacent "sur" l'air. Mais avez-vous jamais imaginé de pouvoir gravir… de l'eau ?
Si le canyoning permet de descendre des torrents (avec cependant l'aide de cordes), il existe une autre discipline sportive qui permet carrément de gravir de l'eau – oui, vous avez bien lu – en profitant de l'hiver, lorsque la glace fige les cascades. Cette activité, qui emprunte à l'alpinisme ses techniques tout en ajoutant les siennes propres, a quelque chose de surréaliste et de diablement esthétique !
Observez la cascade ci-contre, située à proximité de la frontière franco-suisse, au Châtelard.
Eh bien figurez-vous qu'il est possible de l'escalader, et que l'ambiance est d'une beauté difficile à décrire avec des mots.
D'où cette deuxième photo, prise dans la cascade supérieure…
Ci-dessus : dans la cascade du Pesseux, au Châtelard-Frontière, le 20 janvier 1992. Photo JL Tafforeau, publiée dans le magazine Vertical.
Le grand bal
Durant l'hiver 1991-1992, des conditions exceptionnelles de gel ont été observées dans la région du mont Blanc. À tel point que nombre de cascades, habituellement inaccessibles, ont pu être gravies par les afficionados. J'ai eu la chance inouïe d'être présent à ce moment-là, et d'être conduit dans ces entreprises imposant des précautions pour le moins… techniques par le guide Gilbert Pareau (que l'on voit sur la photo ci-dessus, en train de se frayer un chemin sur les reliefs bleutés de cette cascade. Observez que l'eau trouvait le moyen de couler encore sous la glace).
Des topos renversants
Récemment, l'un des plus grands spécialistes de la glace, François Damilano, a édité deux petits livres en couleurs qui recensent les cascades de la vallée de l'Arve.
Même si vous ne connaissez rien à l'alpinisme, même si l'ascension de cascades de glace vous semble une idée étrange, je vous parie que vous serez fascinés et passionnés en consultant les très nombreuses photographies de ces "topos", comme on les appelle. L'expression "le grand bal" est de F. Damilano, qui, évidemment, a profité de ces hivers d'exception pour réaliser de nombreuses performances dans l'art de la grimpe glaciaire – et qui a poursuivi par la suite ses exploits.
Dry-tooling vs Ancrages secs ?
Les glaciéristes sont même capables de gravir, piolets en mains et crampons aux pieds, des sections rocheuses afin de relier entre eux d'improbables (et instables) stalactites de glace. C'est ce qu'en France nous appelons du "dry-tooling", et qu'un autre grand glaciériste, anglais cette fois, Andy Parkin, désigne comme des "ancrages secs"…
Illustration ci-dessus : couverture du tome 1 des cascades de glace, du mont Blanc au Léman, par Philippe Batoux et Ludovic Seifert, JM éditions 2008. Observez la stalactite auquel est suspendu le grimpeur… et cliquez ici pour en savoir plus, ou là pour télécharger le catalogue (PDF) de l'éditeur.